La connectivité et le cloud sont des outils qu’il faut parfaitement maîtriser pour atteindre la supériorité informationnelle dans un contexte de guerre moderne. Avec la guerre aux portes de l’Europe, ces technologies font partie des enjeux stratégiques qu’il faut adresser. Mais sont-elles abordées de manière rationnelle et pragmatique ? 

Historique du cloud  

Le besoin de partage de l’information n’est pas nouveau.  

Dans les années 1980, des systèmes comme le SIC 1G et le Système d’Information pour le Commandement des Forces (SICF) ont été développés pour permettre le commandement des niveaux brigades et division françaises, en y intégrant le besoin d’interopérer avec l’OTAN.  

Puis, le Système d’Information Régimentaire (SIR) a été introduit pour les niveaux régiment et compagnie, offrant une première capacité de commandement à ces niveaux. Les systèmes d’information terminaux ont également fait leur apparition pour offrir un premier niveau de numérisation aux échelons subordonnés. Disposant de systèmes distincts, pour des niveaux de commandement différents et n’interopérant quasiment pas, l’administration a décidé d’uniformiser les échanges en mettant en place la messagerie du Système d’Information et de Communication de l’armée de Terre (SICAT). Les premières brique de l’échange d’information se mettaient en place. 

Dès le début des années 2000, l’armée de Terre est entrée dans l’ère de la numérisation de l’espace de bataille. On peut considérer qu’il s’agissait alors du début de la notion de cloud, même si le nom n’était pas encore connu ni répandu. A cette époque, le Bureau Plans de l’Etat-major de l’armée de Terre, le BPlans, réfléchissait et concevait en liaison avec la DGA le programme SCORPION.  Le Bureau Plans, a pour mission de concevoir et de développer, en liaison avec les autres états-majors de l’administration (EMA, DGA, etc.), l’armée de Terre de demain, en prenant en compte les évolutions technologiques et environnementales. C’est au sein du BPlans que des programmes comme SCORPION sont imaginés, avec pour objectif de donner aux forces terrestres la capacité opérationnelle nécessaire pour remplir les missions qui lui sont confiées par l’Etat.  

SCORPION s’inscrivait dans la dynamique de l’armée de Terre 2020. L’infovalorisation était le Graal à atteindre dans le cadre de la numérisation de l’espace de Bataille.   

 L’armée de Terre française est une armée de projection. Elle ne sera utilisée sur le territoire métropolitain qu’en cas de conflit majeur. Le reste du temps, notre armée défend nos frontières en dehors de celles-ci. Elle se déploie avec ses propres moyens pour être quasi totalement autonome. Elle est aujourd’hui maitresse de ses réseaux de communication et de son architecture de communication. Elle ne compte pas actuellement sur les moyens de la nation dans laquelle elle est déployée, même si cette notion peut évoluer pour s’appuyer sur des technologies duales. Cela est dimensionnant dans le cadre des clouds.   

Parle–t-on d’un cloud stratégique qui nécessite de gros débits et une infrastructure importante ? Parle-t-on du DHE, le Data Hub Embarqué de la Marine Nationale ? Parle-t-on du cloud aérien orienté L16 ou L22 ? Parle-t-on du cloud opératif ?   

L’objectif est de parler du cloud de combat terrestre, aussi appelé cloud tactique ou encore cloud de l’avant (DHA pour Data Hub de l’Avant) ; le cloud qui va être utilisé aujourd’hui au niveau de la division ou de la brigade interarmes, et qui devra demain descendre bientôt jusqu’au niveau du groupe de combat.   

Nous allons donc nous concentrer sur le cloud de combat d’autant plus aisément que l’expertise acquise à travers SICS dans le cadre du programme SCORPION nous permet de nous projeter aisément sur ce niveau tactique.   

Zoom sur le cloud de combat : enjeux et applications  

Le cloud de combat peut être vu comme la capacité de disposer, dans un environnement tactique, d’informations partagées par tout un ensemble d’acteurs, en haut débit et sans limitation. Malheureusement la réalité du terrain, telle qu’elle est connue par l’armée de Terre française en opération, est tout autre. 

Notre définition du Cloud de combat ou cloud tactique est la suivante: il s’agit de la capacité d’échanges d’informations d’intérêt pour l’ensemble des acteurs qui “combattent”.

Cette approche correspond à la vision du cloud de combat que nous portons. Cela va donc de la Brigade interarmes (BIA) au plus bas niveau.  

Mais est ce que le cloud de combat ou cloud tactique est le même à tous ces niveaux ? 

Probablement pas.   

Est-ce que le besoin de la section est le même que celui de la compagnie ? De même entre la compagnie et le bataillon ? Et cela peut se généraliser à tous les niveaux.  

La temporalité de l’information est un élément clé pour répondre à cette question. La gouvernance de cette information est également déterminante. Il s’agit de savoir qui a produit l’information qui est diffusée sur les réseaux ; un drone, un détecteur laser ou encore un combattant. 

Le premier cloud de combat doit être utile au niveau du sous-groupement tactique interarmes (SGTIA).  Il doit permettre au Chef de Détachement Unité (CDU), qui a une profondeur de temps de 2 à 3 heures pour élaborer ses ordres, de travailler en disposant des informations immédiatement utiles pour lui. Il peut également se prolonger vers les niveaux supérieurs mais son utilité est d’abord pour le SGTIA. 

Le cloud de combat est le moyen d’acquérir pour le CDU des informations disponibles dans un cadre espace-temps très limité. L’élongation n’est pas le sujet à traiter. Ce qui est fondamental est l’immédiateté des informations. 

Au niveau du CDU, le débit des moyens de communication est en règle générale faible mais il peut être largement augmenté dans un espace limité à l’environnement immédiat du combattant. Si l’information d’intérêt immédiat pour conduire la manœuvre en cours n’a pas vocation à être diffusée au niveau supérieur, il est tout à fait possible de disposer d’un cloud adapté au besoin.  

Le CDU évolue dans un cadre espace-temps borné qui permet de déployer des moyens de communication adaptés, qui véhicule des informations dans ce cloud tactique de SGTIA qui ont une durée de vie compatible d’une sécurité moindre. Le temps ou les moyens nécessaires à l’ennemi pour disposer puis décrypter notre information la rendant de facto obsolète.  

 

Quelle approche adopter pour le déploiement opérationnel d’un cloud de combat ? 

Pour répondre aux enjeux et besoins de l’armée de Terre française et redonner du temps aux opérationnels, le cloud de combat doit intégrer l’ensemble de ces composantes : 

  • Un cloud de combat conçu autour d’un command and control (C2), garant de l’intégrité des données et de la situation tactique de référence (STR). 
  • L’utilisation de l’hybridation des réseaux pour garantir la connectivité dans n’importe quel contexte. 
  • De la capacité de calcul adaptée et embarquée pour répondre aux besoins des systèmes numérisés. 
  • De la capacité de stockage nécessaire pour exploiter les données collectées. 
  • La sécurité des informations, garant de la disponibilité des données et des systèmes, adaptée aux cas d’emploi. 
  • L’agrégation et la combination des interactions avec les capteurs, notamment les drones ou munitions téléopérées. 

 

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