Il est un cliché tenace que la transformation digitale doit passer par une disruption, un “breakthrough“, une trouvaille si innovante qu’elle révolutionne son marché et les usages. L’industrie n’échappe pas à cette croyance. Pour beaucoup d’industriels, l’Industrie 4.0, ou la convergence de la production industrielle avec le digital, apparaît comme un idéal lointain et quelque peu hors d’atteinte. La difficulté à établir une vision stratégique, le manque de ressources et de compétences, et le poids des outils et process existants suffisent souvent à décourager les meilleures volontés. Parfois, il suffit de trouver un nouvel usage à une invention déjà existante, d’élargir le champ des possibles en s’inspirant des réussites d’autres marchés. Pour les industriels, c’est dans les supermarchés qu’il faut peut-être chercher la solution. 


Au départ : une innovation française
 

Tout le monde connaît ces étiquettes digitales qui affichent les prix dans les grandes surfaces depuis une dizaine d’années. 

Ce que l’on sait moins, c’est que le pionnier et le leader mondial de cette technologie est une société née en France, Store Electronic Systems devenue SES-Imagotag. Et ce que l’on sait encore moins, c’est qu’à force de perfectionnements, cet objet connecté offre un rapport coûts/bénéfices imbattable qui lui a permis de s’exporter au-delà des frontières de l’hexagone et de la distribution alimentaire pour séduire des segments spécialisés comme le bricolage, les cosmétiques, l’électronique ou l’habillement. 


Des bénéfices transférables à d’autres usages
 

Dans les processus de production d’une usine, l’information est essentielle mais souvent éphémère et localisée. Liée à une commande, à une étape du cycle de fabrication ou à l’état d’un équipement, elle n’est utile que le temps d’accomplir l’action nécessaire en un lieu proche… Elle n’a pas besoin d’être enregistrée, seulement d’être présentée au bon endroit, au bon moment et à la bonne personne pour que celle-ci sache précisément ce qu’elle a à faire. Pour cela, on utilise d’ordinaire du papier, sous toutes ses formes : des fiches, des bordereaux, des étiquettes … qu’il faut mettre à jour, cocher, rayer, griffonner, puis déplacer, transmettre, afficher… qui se perdent, se décollent, se dégradent, se périment… 

À ce support insatisfaisant, l’étiquette connectée offre une alternative séduisante, au prix de quelques adaptations mineures : technologies de transmission des informations via les systèmes industriels ou de gestion, durcissement du support pour supporter les rudesses d’un environnement de production… 

L’étiquette connectée peut alors se retrouver partout où l’on utilise du papier et où il serait pertinent de le remplacer. Elle peut être fixe (sur une étagère ou une machine) ou mobile (sur un bac). Elle peut apporter de l’information utile aux opérateurs dans l’accomplissement de leurs tâches, comme le numéro du véhicule en cours de fabrication associé au kitting (l’ensemble des pièces destinées à ce véhicule), ou le décompte du délai d’exécution d’une réparation sur un équipement. Munie d’une LED, elle permet facilement le pick-to-light comme le put-to-light, l’identification d’objets égarés, ou l’alerte sur une date de péremption par exemple. Les informations sont transmises sur une fréquence radio de 868 MHz, pour éviter les interférences avec les réseaux Wifi ou Bluetooth, et parcourir de longues distances, même à travers des murs en béton. Les possibilités sont innombrables et l’on trouve sans peine une dizaine d’applications potentielles par site. Une fois l’infrastructure en place, on peut ensuite la réemployer pour développer d’autres utilisations, et mettre ainsi un pied dans l’Industrie 4.0 sans même sans rendre compte. 


De nouveaux bénéfices à venir
 

Les étiquettes connectées, au-delà de recevoir et d’afficher de l’information, peuvent se transformer en capteurs actifs, capables de faire remonter des informations pour la conduite et le contrôle des processus. Géolocalisée, l’étiquette NFC peut afficher un QR Code qu’il suffit de scanner pour connaître le lieu, l’horaire, l’opérateur et l’action à valider ou à déclencher (un réapprovisionnement, par exemple). En combinant affichage et géolocalisation, les opérateurs peuvent même détecter à distance les incohérences : lorsque les équipements ne sont pas positionnés dans la zone d’attente pour leur prochain poste de travail par exemple. 

Ce pilotage de la production par la donnée est précisément l’une des dimensions fondamentales de l’Industrie 4.0, vers laquelle les étiquettes connectées constituent donc un raccourci commode, éprouvé et facilement accessible à tous.